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CORRESPONDANCE

1770. À ÉMILE ZOLA.
[Croisset], mercredi 27 novembre [1878].

Il m’ennuie de vous, mon bon Zola. Donnez-moi donc de vos nouvelles !

Comment se porte Nana ?

À quand l’Assommoir sur les planches ? Êtes-vous content des cabots que l’on vous destine ? Je ne reviendrai pas à Paris avant le milieu de février, quand j’aurai fini le chapitre que je commence, un chapitre lubrique ! Celui-là fini, j’entreverrai la terminaison totale. Mais quelle charrette à tirer ! Par moments, c’est dur !

La santé est bonne, mais « les affaires », mon cher vieux, sont déplorables ! La malchance me poursuit de tous les côtés.

Charpentier, il y a deux ans, m’avait promis une belle édition de Saint Julien pour étrennes. L’année dernière, il m’a lâché pour la Marie-Antoinette de Goncourt ; et repromesse au mois de septembre dernier ; et relâchage maintenant. C’est sa femme qui m’a annoncé cette gracieuse nouvelle, en me rappelant le plaisir qu’elle a eu à lire Saint Antoine ! Vous ne trouvez pas ça ingénieux, comme rhétorique ?

De plus, Dalloz ne veut pas de ma Féerie qu’il trouve « dangereuse » ; de sorte que cette malheureuse pièce, que je trouve, moi, une tentative originale, ne peut même pas être imprimée dans un journal ! ça ne m’humilie nullement, au contraire ! ça m’excite ; mais ça m’embête au point de vue financier.