Je me hâte d’ajouter qu’à côté de grands défauts, ce livre a de grandes qualités. On ne le lit pas sans de fréquentes révoltes, mais on va jusqu’au bout, captivé par le charme du style, la vigueur de l’expression, la grâce des détails et la belle orientation de l’œuvre. Parfois une phrase qu’on rencontre vous secoue comme le cahot inattendu d’une diligence, mais c’est précisément ce cahot qui vous tient en éveil.
Il arrive souvent que, dans les voitures mieux suspendues que celle de M. Flaubert, et où l’on ne sent ni cahot, ni secousses, on s’endort presque aussitôt après le départ.
C’est précisément ce qui m’est arrivé en descendant de la diligence de M. Flaubert. J’avais été si secoué dans ce véhicule traîné par des chevaux sauvages, que je me jetai aussitôt dans une berline académique.
La grande nouveauté est Madame Bovary, œuvre de M. Gustave Flaubert, écrivain de Rouen, puisqu’il est avéré que nous avons aujourd’hui une école de Rouen, comme nous avons eu une école de Marseille. M. Gustave Flaubert est le romancier de cette école de Rouen dont le poète est M. Bouilhet, auteur de Melœnis et de Madame de Montarcy. M. Bouilhet imite M. de Musset dans son poème et l’auteur de Ruy Blas dans son drame ; M. Flaubert imite M. de Balzac dans son roman, comme il imite M. Théophile Gautier dans quelques autres fragments qui ont été récemment publiés. L’auteur de Madame Bovary appartient, on le voit,