Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/129

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Mardi 25, jour de Noël, visite à M. Delaporte. Mme Delaporte, petite, blonde, est anglaise, le bas du visage comme la Muse. — Lambert n’est pas chez lui. — Mougel-bey. — Interminable promenade sur l’Esbekieh avec Lubert et Bekir. — Peur de se compromettre de ces messieurs. Quelle sotte et triste vie ! — Le fils du shériff de la Mecque avec toute sa suite à cheval, turban en cachemire, caftan vert ; teint de café. — Dîner, conversation plus que légère, puis socialo-philosophique ; a dû peu amuser la société.

26, visite aux mosquées avec Delatour et môsieu Malezieux : redingote, col, chapeau, gants jaunes, air pitoyablement couenne, ne s’amusant pas du tout de l’architecture arabe. En revanche, en passant près du bazar des nègres, du côté de Bab-el-Foutoum, s’est émoustillé : « Dites donc à votre guide de lui dire de se mettre toute nue », à propos d’une pauvre négresse qui était devant nous.

Mosquée d’El-Asar. — Mollahs par terre au soleil, dans la cour, écrivant, pérorant ; enfilades de colonnes au pied desquelles on voyait des cercles de turbans blancs. Le sheik écartait à coups de bâton la foule, quand elle devenait trop compacte autour de nous. — Brutalité de notre cavas pour faire ranger le monde : sur les marches des mosquées, il prenait son long bâton à pomme d’argent à deux mains et tapait de droite et de gauche.

Settiyeneb-Hacanin.

Hôpital civil de l’Esbekieh. — Fous hurlant dans leur loge. — Un vieux qui pleurait pour