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NOTES DE VOYAGES.

reille… Il y avait sur elle beaucoup à rêver ; la femme de 40 ans n’a pas encore été introduite dans la littérature, celle-ci le mériterait. — Salle basse, où les jeunes filles travaillaient aux fleurs, d’autres à l’aiguille ; toutes, les mains propres ; robinets et bassins de marbre à la porte, dans les corridors, pour se les laver ; leur réfectoire avec leurs gobelets et leurs petites bouteilles à fond large… Adieu, Madame, adieu ! Quand je retournerai à Gênes, je retournerai aux Fiescini ; il y a tant de roses à la porte en face, elles retombent par-dessus le mur !

Hôtel de la Croix de Malte. — Le balcon de marbre, le secrétaire entre les deux fenêtres. — Première promenade dans la rade. — Deuxième le matin de mon départ. Comme j’étais triste en quittant Gênes, après les montagnes qui la dominent surtout, et pendant deux jours dans tout ce sot pays de la Lombardie !

Marengo. — Grande chambre nue, grise de poussière, au rez-de-chaussée, où a couché l’Empereur. — Trous de balles dans les murs de l’auberge et surtout dans une petite tour à gauche, six pas plus loin.

Turin. — Ville belle, alignée, droite, ennuyeuse, stupide ; sans contredit, dans l’esprit des Sardes, la plus magnifique chose de la Sardaigne, aussi ce brave Charles-Albert y habite-t-il. Les places sont grandes et les maisons toutes pareilles. Je préférerais habiter Rouen. Loger à Turin quand on possède Gênes ! Il y a la différence d’une jeune fille bien propre, bien corsée, bien plate et bien nulle, la petite bouche en cœur et de petits yeux en amandes, des bottines à la place de pieds et des