Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/400

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6 heures du matin. — Verdures ! verdures ! ravin à sec.

Dyma. — Nous passons à travers le village de Dym, il est dans un fond, ses maisons grises disparaissent sous les pampres. C’est à Rhodes qu’il faut envoyer les jardiniers pour leur apprendre ce que c’est que la verdure grimpante. Nous passons sous un chemin presque couvert par la quantité de plantes qui se sont accrochées aux arbres, et nous montons. Nous gravissons la montagne de Fondoukli, c’est un étourdissement de verdure, myrtes, rhododendrons, chênes, oliviers chargés d’olives ; nous mangeons le fruit rouge de l’arbousier, Stéphany m’en cueille à un arbrisseau sur ma gauche : c’est pâteux, quoique sec, et a un goût de grenade parfumé.

Fondoukli. — Déjeuner sous de grands platanes dont l’écorce écaillée est tombée à terre ; avec les platanes de Godefroy de Bouillon, aux eaux d’Asie, à Constantinople, ce sont les plus beaux que j’aie vus. — Coule un ruisseau d’eau claire, à la glace. — Nous mangeons des œufs durs et du poulet froid, Stéphany et Sassetti écrivent leurs noms sur l’écorce des arbres.

Maintenant c’est une forêt presque permanente de sapins d’un vert tendre ; tons foncés des myrtes à côté, couleur rouge du feuillage des arbrisseaux épineux, morts, grands squelettes de sapins brûlés, noirs et qui jonchent le sol dans les éclaircies, comme de grands serpents morts et raidis. C’est dans ces parages que se trouvent le plus de daims, ils y ont été introduits dans l’île par les chevaliers. L’inimitié de ces animaux pour les serpents n’est point une fable ; le daim piétine dessus jusqu’à ce