Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/292

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lation[1], il s’était habillé lentement et comme pour aller aux noces, sans qu’aucune aiguillette manquât d’être attachée ».

Cette surprise de Saint-Malo qui fit tant de mal au roi n’aida en rien le duc de Mercœur. Il désirait fort que les Malouins acceptassent un gouverneur de sa main, son fils, par exemple, un enfant, c’est-à-dire lui-même, mais ils s’obstinèrent à ne vouloir personne. Il leur envoya des troupes pour les protéger, ils les refusèrent, et les troupes furent contraintes de loger hors la ville.

Ils n’en devenaient pas cependant plus royalistes pour cela ; car quelque temps après ayant arrêté le marquis de La Moussaie et le vicomte de Dénouai, il en coûta pour sortir douze mille écus au marquis et deux mille au vicomte.

Puis craignant que Pont-Briant n’interrompît le commerce avec Dinan et les autres villes de la Ligue, ils s’en emparent.

Supposant que leur évêque, seigneur temporel de la ville, pourrait bien les dépouiller de la liberté qu’ils venaient d’acquérir, ils le mettent en prison et ne le relâchent qu’au bout d’un an.

On sait enfin à quelles conditions ils acceptèrent Henri IV : ils devaient se garder eux-mêmes, ne

  1. Josselin Frotet, sieur de La Landelle, chez qui les conjurés se donnèrent rendez-vous avant de tenter l’escalade. Voyez dans la coll. des Bénédictins, dom Tallandier, t. II, de l’Histoire civ. et ecclés. de Bretagne, p. 386 et sq. (Note du manuscrit de Gustave Flaubert.)