Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/281

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Oh ! c’est facile, avec des concessions extérieures, et pourvu qu’on n’ait dans ses discours et sur sa personne rien d’extravagant !

Paraît un barbier avec les ustensiles de sa profession.
Paul, surpris.

Que voulez-vous ?

Le barbier, d’une voix caverneuse.

Tailler votre barbe en collier comme à tout le monde !

Paul.

Voilà, par exemple, une exigence !

Jeanne.

Oh ! pour me plaire !

Elle lui attache la serviette autour du cou.
Paul.

Je suis d’un ridicule achevé, n’importe ! Mais d’où vient qu’elle me fascine, et que j’obéis comme un enfant !

Jeanne, pendant que le barbier travaille.

Un peu de patience ! C’est presque fini ! Encore un coup ! Ah ! que vous serez bien ! et quels bons soirs, cet hiver, dans le salon à rideaux de perse, décoré par des photographies de famille, au coin du feu, près de mon piano ! Il y a, dans le faubourg, de petits jardins avec des tonnelles de bâtons verts. Nous viendrons là, tous les deux, le dimanche ; et, nous promenant bras dessus bras dessous, nous parlerons sans cesse de notre bonheur, à côté des légumes, en regardant l’espalier.

Paul, le barbier ayant fini, se lève. — À part.

Elle a raison peut-être. Un fond de jugement se