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LES COULISSES DE L’ANARCHIE

Ravachol, il serait arrivé pour lui ce qui arriva au mois de mars 1872 pour Sérizier, l’ancien colonel de la 13e légion sous la Commune, lorsque les habitants de son quartier signèrent en masse — fait sans précédent — une pétition à la Commission des grâces pour la supplier de ne pas épargner ce condamné à mort.

Ravachol avait trop terrorisé Paris, et Paris, penaud d’avoir tremblé devant ce « trimardeur », demandait sa mort sans phrases. Dans un salon du quartier Monceau, une adorable jeune femme, rose et blonde comme les anges, s’était écriée le soir même de l’arrestation :

— On devrait le déchirer en petits morceaux,… comme cela… avec les ongles !

Ce disant, elle crispait ses jolies menottes, jolies tout de même malgré ce geste atroce.

Et ces colombes-là vous disent des paroles
À faire tressaillir d’horreur les os des morts !

Dès le lendemain, le dynamiteur recevait à la Conciergerie une superbe boîte de raisins que l’expéditeur avait assurément fait venir à grands frais de Hoellart ou d’Algérie.

La boîte, enveloppée de grand papier blanc, était recouverte d’une étiquette avec cette adresse : M. de Ravachol, à la Conciergerie, Paris. Un commissionnaire l’avait apportée. Interrogé, il raconta l’avoir reçue d’un monsieur installé à la brasserie Dreher, au coin de l’avenue Victoria et de la place du Châ-