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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/143

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l’amour-propre à entendre leur profession, ont l’ambition de parvenir ; et, lorsque leurs efforts pour atteindre ce but ont été sans succès, terminent leur vie laborieuse dans les embarcations ou allèges des ports de mer.

Le froid du cap Horn, outre ses funestes effets sur la santé du matelot exerce une fâcheuse influence sur le moral de ceux même qui prennent le plus de précautions pour se préserver de ses atteintes. Les officiers, ayant des cabanes bien sèches, étant pourvus de tout ce que l’industrie humaine a pu inventer pour se garantir du froid et de l’humidité, n’en souffrent pas comme le matelot au point d’en être malades, mais l’âpreté de la température les rend moroses. L’extrême difficulté qu’ils éprouvent à faire exécuter le commandement, la vue des souffrances de leurs hommes, l’énergie qu’exige l’accomplissement de leurs devoirs, les fatigues extrêmes qui en résultent, toutes ces causes réunies les irritent ; leur humeur en devient acariâtre, et les caractères les plus doux au bout d’un mois de séjour dans ces parages, sont insupportables. M. Briet, qui, depuis dix ans, n’avait pas quitté les côtes du Pérou et de la Californie, où le ciel est tou-