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toujours du courage, de l’intrépidité de ces femmes qui la précèdent de quatre à cinq heures que dépend sa subsistance. Lorsqu’on songe qu’en menant cette vie de peines et de périls elles ont encore les devoirs de la maternité à remplir, on s’étonne qu’aucune y puisse résister. Il est digne de remarque que, tandis que l’Indien préfère se tuer que d’être soldat, les femmes indiennes embrassent cette vie volontairement et en supportent les fatigues, en affrontent les dangers avec un courage dont sont incapables les hommes de leur race. Je ne crois pas qu’on puisse citer une preuve plus frappante de la supériorité de la femme, dans l’enfance des peuples ; n’en serait-il pas de même aussi chez ceux plus avancés en civilisation, si une éducation semblable était donnée aux deux sexes ? Il faut espérer que le temps viendra où l’expérience en sera tentée.

Plusieurs généraux de mérite ont voulu suppléer au service des ravanas et les empêcher de suivre l’armée ; mais les soldats se sont toujours révoltés contre toutes les tentatives de ce genre et il a fallu leur céder. Ils n’avaient pas assez de confiance dans l’administration militaire qui eût pourvu à leurs besoins pour