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qu’on pût leur persuader de renoncer aux ravanas.

Ces femmes sont d’une laideur horrible ; cela se conçoit, d’après la nature des fatigues qu’elles endurent ; en effet, elles supportent les intempéries des climats les plus opposés, successivement exposées à l’ardeur brûlante du soleil des pampas et au froid du sommet glacé des Cordillières. Aussi ont-elles la peau brûlée, gercée, les yeux éraillés ; toutefois leurs dents sont très blanches. Elles portent pour tout vêtement une petite jupe de laine qui ne descend qu’aux genoux, plus une peau de mouton au milieu de laquelle elles font un trou pour passer la tête et dont les deux côtés leur cachent le dos et la poitrine ; elles ne s’occupent pas du surplus ; les pieds, les bras et la tête sont toujours nus. On remarque qu’il règne entre elles assez d’accord ; cependant des scènes de jalousie amènent parfois des meurtres ; les passions de ces femmes n’étant retenues par aucun frein, ces événements ne doivent pas surprendre ; il est hors de doute que, dans un nombre égal d’hommes que nulle discipline ne contiendrait et qui mèneraient la vie de ces femmes, les meurtres seraient beaucoup plus fréquents. Les ravanas