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adorent le soleil, mais n’observent aucune pratique religieuse.

Le quartier-général avait été transformé en maison de jeu ; la grande salle du bas, divisée en deux au moyen d’un rideau, était occupée, d’un côté, par le général et les officiers supérieurs ; de l’autre, par des sous-officiers ; tous, dans l’une et l’autre pièce, jouaient au pharaon des sommes énormes[1]. Althaus, voulant me faire voir dans leur beau les officiers de la république, m’amena, à onze heures de la nuit, à la maison de Menao ; nous n’entrâmes pas, et, sans être aperçus, nous nous mîmes à regarder par la fenêtre. Ah ! quel spectacle nous offrit cette réunion ! Nous vîmes Nieto, Carillo, Morant, Rivero, Ros, assis autour d’une table, les cartes à la main, devant un tas d’or ; la table était garnie de bouteilles, de verres remplis de vin ou de liqueurs. La figure de ces personnages exprimait ce que la passion du jeu a de plus violent ! la rage concentrée, ou cette cupidité que rien ne peut assouvir, qui s’accroît même par l’aliment que le hasard lui jette. Tous

  1. Les péruviens sont très joueurs ; le colonel Morant, dans une partie à Charillos, près de Lima, perdit dans une nuit 30,000 piastres.