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çoivent d’elles des dons d’une plus haute valeur.

Santa-Rosa d’Aréquipa est considéré comme un des plus riches monastères du Pérou ; néanmoins les religieuses m’en ont paru plus malheureuses que celles d’aucun des couvents que j’ai eu l’occasion de visiter. L’exactitude de mon observation m’a été confirmée, en Amérique, par les personnes familières avec l’intérieur des communautés, qui m’ont toutes assuré que les austérités des nonnes de Santa-Rosa surpassaient de beaucoup celles auxquelles s’astreignent les religieuses de tout autre couvent. J’eus plusieurs entretiens avec la supérieure, pendant les trois jours que j’habitai Santa-Rosa ; je vais en citer quelques passages pour faire connaître l’esprit qui dirige cette communauté.

Je dois d’abord dire que la supérieure me reçut avec beaucoup de distinction ; elle avait alors soixante-huit ans, et, depuis dix-huit ans dirigeait la communauté. Elle a dû être belle, sa physionomie est noble, et tout en elle annonce une grande force de volonté. Née à Séville, elle vint à Aréquipa à l’âge de sept ans. Son père la mit à Santa-Rosa pour y faire son éducation, et, depuis lors, elle n’en est plus sortie. Cette dame parle l’espagnol avec une