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livre ii.

Il raccommodait les familles,
Corrigeait doucement les jeunes étourdis,
Riait avec les jeunes filles,
Et leur trouvait de bons maris.
Indulgent aux défauts des autres,
Il répétait souvent : N’avons-nous pas les nôtres ?
Ceux-ci sont nés boiteux, ceux-là sont nés bossus,
L’un un peu moins, l’autre un peu plus ;
La nature de cent manières
Voulut nous affliger : marchons ensemble en paix ;
Le chemin est assez mauvais
Sans nous jeter encor des pierres.
Or, il arriva certain jour
Que notre bon vieillard trouva dans une tour
Un trésor caché sous la terre.
D’abord il n’y voit qu’un moyen
De pouvoir faire plus de bien ;
Il le prend, l’emporte et le serre.
Puis, en réfléchissant, le voilà qui se dit :
Cet or que j’ai trouvé ferait plus de profit
Si j’en augmentais mon domaine ;
J’aurais plus de vassaux, je serais plus puissant.
Je peux mieux faire encor : dans la ville prochaine
Achetons une charge, et soyons président.
Président ! cela vaut la peine.
Je n’ai pas fait mon droit, mais, avec mon argent,
On m’en dispensera, puisque cela s’achète.
Tandis qu’il rêve et qu’il projette,