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livre ii.

Sa servante vient l’avertir
Que les jeunes gens du village
Dans la cour du château sont à se divertir.
Le dimanche, c’était l’usage,
Le seigneur se plaisait à danser avec eux.
Oh ! ma foi ! répond-il, j’ai bien d’autres affaires ;
Que l’on danse sans moi. L’esprit plein de chimères,
Il s’enferme tout seul pour se tourmenter mieux.
Ensuite il va joindre à la somme
Un petit sac d’argent, reste du mois dernier.
Dans l’instant arrive un pauvre homme
Qui, tout en pleurs, vient le prier
De vouloir lui prêter vingt écus pour sa taille.
Le collecteur, dit-il, va me mettre en prison,
Et n’a laissé dans ma maison
Que six enfants sur de la paille.
Notre nouveau Crésus lui répond durement
Qu’il n’est point en argent comptant.
Le pauvre malheureux le regarde, soupire,
Et s’en retourne sans mot dire.
Mais il n’était pas loin que notre bon seigneur
Retrouve tout à coup son cœur ;
Il court au paysan, l’embrasse,
De cent écus lui fait le don,
Et lui demande encor pardon.
Ensuite il fait crier que sur la grande place
Le village assemblé se rende dans l’instant.
On obéit ; notre bon homme