Page:Florian - Fables, illustrations Adam, 1838.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
viij
notice

blessent, aucune de ces étrangetés qui repoussent ; rien de pénétrant, peut-être, mais rien d’aigu, rien de tranchant, rien d’anguleux. Ce qui la distingue, c’est une redondance calculée qui en rend l’intelligence plus facile, et une parure coquette qui en rend l’abord plus agréable. Demandez au vulgaire si la parure a jamais gâté quelque chose !

On a dit fort ingénieusement, en parlant des romans pastoraux de Florian, qu’il y manquait des loups, et ce que je viens de remarquer sur le tour particulier de son esprit explique assez bien ce reproche. Florian n’avait pas deviné les loups. La Révolution le jeta dans les cachots, en expiation de sa naissance et de son talent, et il mourut à l’âge de quarante ans, peu de jours après sa mise en liberté, parce que les souffrances et les terreurs de sa captivité avaient brisé le ressort de sa vie. Les penchants naturels de son caractère et de son imagination font douter que sa réputation eût gagné beaucoup à une plus longue existence. La pastorale était pour longtemps passée de mode.

Là se bornerait tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur l’histoire littéraire de Florian, si Florian n’avait pas été fabuliste ; et on ne peut le considérer sous ce dernier rapport sans déplorer la fatalité qui ne lui a permis de s’élever si haut au-dessus de la plupart de ses émules, entre tant de genres où son esprit facile et doux s’est essayé, que dans le seul, peut-être, de ses genres favoris où le premier rang ne fût plus à conquérir. La place était prise par La Fontaine, et, quoi qu’il arrive, La Fontaine la gardera toujours. Il y a des palmes que la postérité ne décerne qu’une fois et qui ne changent plus de maître. C’est ce qui rend généralement si