Page:Florian - Fables, illustrations Adam, 1838.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
livre ii.

N’estimant rien que ses chimères,
Prétendait méditer, connaître, approfondir
De son dieu la sublime essence,
Et du matin au soir, afin d’y parvenir,
L’œil toujours attaché sur l’astre qu’il encense,
Il voulait expliquer le secret de ses feux.
Le pauvre philosophe y perdit les deux yeux,
Et dès lors du soleil il nia l’existence.
L’autre était crédule et bigot ;
Effrayé du sort de son frère,
Il y vit de l’esprit l’abus trop ordinaire,
Et mit tous ses efforts à devenir un sot :
On vient à bout de tout ; le pauvre solitaire
Avait peu de chemin à faire,
Il fut content de lui bientôt.
Mais de peur d’offenser l’astre qui nous éclaire
En portant jusqu’à lui des regards indiscrets,
Il se fit un trou sous la terre,
Et condamna ses yeux à ne le voir jamais.

Humains, pauvres humains ! jouissez des bienfaits
D’un Dieu que vainement la raison veut comprendre,
Mais que l’on voit partout, mais qui parle à nos cœurs.
Sans vouloir deviner ce qu’on ne peut apprendre,
Sans rejeter les dons que sa main sait répandre,
Employons notre esprit à devenir meilleurs.
Nos vertus au Très-Haut sont le plus digne hommage,
Et l’homme juste est le seul sage.