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ruth,

Mais puis-je réclamer ce noble et saint usage ?
Je crains que mes vieux ans n’effarouchent votre âge ;
Au mien l’on aime encor, près de vous je le sens ;
Mais peut-on jamais plaire avec des cheveux blancs ?
Dissipez la frayeur dont mon âme est saisie.
Moïse ordonne en vain le bonheur de ma vie ;
Si je suis heureux seul, ce n’est plus un bonheur.

— Ah ! que ne lisez-vous dans le fond de mon cœur !
Lui dit Ruth ; vous verriez que la loi de ma mère
Me devient en ce jour et plus douce et plus chère. »
La rougeur, à ces mots, augmente ses attraits.
Booz tombe à ses pieds : « Je vous donne à jamais
Et ma main et ma foi ; le plus saint hyménée
Aujourd’hui va m’unir à votre destinée.
À cette fête, hélas ! nous n’aurons pas l’amour ;
Mais l’amitié suffit pour en faire un beau jour.
Et vous, Dieu de Jacob, seul maître de ma vie,
Je ne me plaindrai point qu’elle me soit ravie ;
Je ne veux que le temps et l’espoir, ô mon Dieu !
De laisser Ruth heureuse, en lui disant adieu. »

Ruth le conduit alors dans les bras de sa mère.
Tous trois à l’Éternel adressent leur prière ;
Et le plus saint des nœuds en ce jour les unit.
Juda s’en glorifie, et Dieu, qui les bénit,
Aux désirs de Booz permet que tout réponde.
Belle comme Rachel, comme Lia féconde,