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tobie,

Possédant sa beauté, sa grâce et sa pudeur.
Tobie, en l’embrassant, lui dit avec douceur :
« Mon fils, la mort dans peu va te ravir ton père,
De ton respect pour moi fais hériter ta mère ;
Celle qui t’a nourri, qui t’a donné le jour,
Pour de si grands bienfaits ne veut qu’un peu d’amour ;
Quel plaisir est plus doux qu’un devoir de tendresse ?
Honore le Seigneur, marche dans sa sagesse ;
Que surtout l’indigent trouve en toi son appui,
Partage tes habits et ton pain avec lui ;
Reçois entre tes bras l’orphelin qui t’implore ;
Riche, donne beaucoup, et pauvre, donne encore ;
Ce précepte, mon fils, contient toute la loi.
Je dois en ce moment confier à ta foi
Qu’à Gabélus jadis, sur sa simple promesse,
Je laissai dix talents, mon unique richesse ;
Va toi-même à Ragès pour les redemander.
Vers ce lointain pays quelqu’un peut te guider ;
Cherche dans nos tribus un conducteur fidèle
Dont nous reconnaîtrons et la peine et le zèle. »

Il dit. Son fils le quitte et court vers sa tribu.
Devant lui se présente un jeune homme inconnu,
Dont la taille, les traits, la grâce plus qu’humaine,
Dès le premier abord et l’attire et l’enchaîne ;
Ses yeux doux et brillants, sa touchante beauté,
Son front où la noblesse est jointe à la bonté ;
Tout plaît, tout charme en lui par un pouvoir suprême.