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poëme.

C’était l’ange du ciel envoyé par Dieu même.
Qui venait de Tobie assurer le bonheur.

L’ange s’offre à servir de guide au voyageur ;
Il le suit chez son père, et le vieillard en larmes
Ne lui déguise point ses soupçons, ses alarmes.
Longtemps il l’interroge, et lui tendant les bras :
« De mes craintes, dit-il, ne vous offensez pas ;
Vieux, souffrant, et privé de la clarté céleste,
Mon enfant, de la vie, est tout ce qui me reste ;
La frayeur est permise à qui n’a plus qu’un bien.
De mon dernier trésor je vous fais le gardien.
Ah ! vous me le rendrez ; mon âme satisfaite
Éprouve en vous parlant une douceur secrète ;
Je ne sais quelle voix me dit au fond du cœur
Que vous serez conduit par l’ange du Seigneur.
Ô mon fils ! pour adieu reçois ce doux présage. »
Le jeune homme l’embrasse et s’apprête au voyage ;
Il presse, en gémissant, sa mère sur son sein.
Bientôt, guidé par l’ange, il se met en chemin ;
Mais trois fois il s’arrête, et trois fois renouvelle
Ses adieux et ses cris ; alors le chien fidèle,
Seul ami demeuré dans la triste maison,
Court, et du voyageur devient le compagnon.
Ils marchent tout le jour dans ces plaines fécondes
Où le Tigre en courroux précipite ses ondes.
Arrêté sur ses bords pour prendre du repos,
Tobie, en se lavant dans ses rapides eaux,