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poëme.

Bannit les maux passés par les biens à venir.
Raguel, entraîné, cède au pouvoir suprême
De ce jeune inconnu qu’il révère et qu’il aime.
Il unit les époux au nom de l’Éternel,
Les bénit en tremblant, les recommande au ciel ;
Et, pendant le festin, sa timide allégresse
Voile quelques instants sa profonde tristesse.

Le repas achevé, dans leur appartement
Les deux nouveaux époux sont conduits lentement.
À genoux aussitôt, le front dans la poussière,
Ils élèvent au ciel leur touchante prière.
« Dieu puissant, disent-ils, qui daignas de tes mains
Former une compagne au premier des humains,
Afin de consoler sa prochaine misère
Par le doux nom d’époux et par celui de père,
Nous ne prétendons point à ce bonheur parfait
Qui pour le cœur de l’homme, hélas ! ne fut point fait !
Mais donne-nous l’amour des devoirs qu’il faut suivre,
La vertu pour souffrir, la tendresse pour vivre,
Des héritiers nombreux dignes de te chérir,
Et des jours innocents passés à te servir. »

Dans ces devoirs pieux la nuit s’écoule entière.
Dès que le chant du coq annonce la lumière,
Raguel, son épouse, accourent tout tremblants,
N’osant pas espérer d’embrasser leurs enfants ;
Ils les trouvent tous deux dans un sommeil tranquille.