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tobie,

Exprime par ses cris sa joie et sa tendresse.
Le malheureux aveugle, à ces cris qu’il entend,
Juge que c’est son fils que le Seigneur lui rend ;
Il se lève, et d’un pas chancelant et rapide,
Marchant les bras ouverts, sans soutien et sans guide :
« Ô mon fils ! criait-il, c’est toi, c’est toi… » Soudain
Le jeune homme, en pleurant, s’élance dans son sein ;
Le vieillard le reçoit, et le serre, et le presse ;
D’un long embrassement il savoure l’ivresse ;
Au défaut de ses yeux, sa paternelle main
S’assure d’un bonheur qu’il croit trop peu certain.
La mère arrive alors, palpitante, éperdue,
Réclamant à grands cris une si chère vue ;
Les larmes du bonheur coulent de tous les yeux ;
Et l’ange, en les voyant, se croit encore aux cieux.

Après ces doux transports, l’ange dit à son frère
De toucher du vieillard la tremblante paupière
Avec le fiel du monstre immolé par ses mains.
Le jeune homme obéit à ces ordres divins,
Et Tobie aussitôt voit la clarté céleste.
« Gloire à toi, cria-t-il, Dieu puissant que j’atteste !
J’avais péché longtemps, et longtemps je souffris ;
Mais je revois enfin et le ciel et mon fils !
Ô mon Dieu ! je rends grâce à ta bonté propice ;
Oui, ta miséricorde a passé ta justice. »

Il dit, et de Sara les serviteurs nombreux,