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poëme.

Sara, le front voilé, cachant ainsi ses pleurs,
Assise sur le dos d’un puissant dromadaire,
Soupire et tend de loin ses deux bras à sa mère ;
Son époux la soutient sur son sein palpitant,
Et le fidèle chien marche en les précédant.

Hélas ! il était temps que le jeune Tobie
À son malheureux père allât rendre la vie.
Depuis qu’il est parti, ce vieillard désolé,
Comptant de son retour le moment écoulé,
Se traînait chaque jour aux portes de Ninive.
Son épouse guidait sa démarche tardive.
Le vieillard restait seul, assis sur le chemin ;
Vers chaque voyageur il étendait la main ;
Le voyageur passait, et Tobie en silence,
Pour la reperdre encor, attendait l’espérance.
Sa femme, gravissant sur les monts d’alentour,
Cherchait au loin des yeux l’objet de son amour,
Pleurait de ne point voir cet enfant qu’elle adore,
Et suspendait ses pleurs pour le chercher encore.

Mais ce fils approchait ; accusant ses lenteurs,
Il laisse ses troupeaux aux soins de leurs pasteurs,
Les précède avec l’ange, et sa mère attentive
L’aperçoit tout à coup accourant vers Ninive.
Elle vole aussitôt, craint d’arriver trop tard ;
Mais le chien, plus prompt qu’elle, est auprès du vieillard
Il reconnaît son maître, il jappe, il le caresse,