Aller au contenu

Page:Fonsegrive - Art et pornographie, 1911.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
art et pornographie

vivent. Dans les sociétés païennes où manquait une doctrine des mœurs, où les corps humains se montraient sans voiles dans les jeux et les gymnases publics, les plus étranges pratiques étaient tolérées, parfois même faisaient partie de cérémonies religieuses.

Quand le christianisme eut apporté avec sa doctrine une règle fixe des mœurs, toute cette luxure fut réprouvée et la décence naturelle reprit ses droits. C’est lorsque se produisit, au XVIe siècle, la renaissance païenne, que les artistes firent reparaître le nu dans leurs tableaux et leurs statues. Ils y furent naturellement portés par le souci de l’art et le culte de la beauté. Car pour rendre avec vérité les attitudes et les mouvements, même sous les draperies, il faut que l’architecture du corps se fasse sentir ; c’est le corps qui est la raison d’être de la draperie, c’est donc lui qu’il faut étudier d’abord, dans sa simple nudité. L’étude du nu est ainsi une condition nécessaire de l’art complètement vrai. Or, dès qu’un peintre ou un sculpteur sont mis en présence des formes pures du corps vivant, il leur semble à peu près incontestable que le triomphe de leur art doit être de traduire directement ces formes dévoilées, dans la souplesse vivante de leurs lignes, dans l’harmonie merveilleuse de leur coloris, dans la splendeur de leur libre épanouissement. Et ainsi, peu à peu, absorbés dans leur rêve de beauté, les artistes ne voient