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art et pornographie

plus que des jeux de lignes et de couleurs, des harmonies de formes, où le nu tantôt triomphe et s’étale seul, tantôt est mis en valeur par des étoffes, des accessoires et des draperies. Et le déshabillé se montre à côté du nu.

Mais tandis que les artistes dans leur atelier s’habituent aux nudités et peuvent même très sincèrement n’y voir que des motifs de beauté, le public, qui ne vit pas dans les ateliers, ne laisse pas que d’être surpris par ce que lui montrent les artistes et ne peut que manifester son effarement. Ce qui, pour les artistes, en vertu de leur éducation artistique même et des pratiques de leur métier, n’est pas contraire aux bonnes mœurs, le devient au contraire pour le public. Le nu pour le public demeure toujours plus chaste que le déshabillé : la Source d’Ingres ou même son Odalisque sont infiniment plus chastes que le Dortoir des ouvrières de Fragonard. Ce dernier tableau doit paraître au public un tableau de mauvais lieu ; les connaisseurs cependant n’en sont pas choqués et les artistes l’admirent. C’est que le public est habitué au sens ordinaire que prennent dans la vie les exhibitions et les attitudes, tandis que les connaisseurs et les artistes ne voient presque plus ce sens vulgaire et atteignent directement une autre signification, le sens purement esthétique que prennent les assemblages de lignes, de formes et de couleurs. Et ceci