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art et pornographie

listins. Mais ici encore, comme pour les artistes, l’accoutumance se fait. Peu à peu le public ne se scandalise plus. Vient même un moment où plus rien n’est capable de le scandaliser. C’est ce public qui finit par trouver les artistes trop timides et qui leur demande de pimenter leurs dessins, leurs écrits ou leurs représentations. Ce ne sont pas des dramatistes qui ont voulu que des femmes nues parussent sur quelques scènes, ce sont des impresarios qui savaient par là flatter les goûts du public. Et ce qui se passe en France se passe partout. Il y a peu de temps encore, en Angleterre, on ne tolérait pas le simple maillot, même les femmes acrobates devaient, par-dessus le maillot, revêtir quelque figure de robe ; or, tout récemment, à Londres, une danseuse s’est exhibée dans le rôle de Salomé, vêtue sur sa chair à peu près de ses seuls bijoux ; les spectateurs n’ont pas protesté et au contraire tous les journaux de Londres ont raillé la municipalité de Manchester qui a refusé à l’artiste la permission de danser. Le public s’accoutume et il n’y a pas de limites à son accoutumance, il peut arriver à tout tolérer, il peut même réclamer — il est dans la nature des choses qu’il réclame — des exhibitions que les vrais artistes lui refuseront. Et ainsi, tandis qu’au début ce sort les artistes qui sont plus hardis, il arrive à la fin que le public est plus licencieux que les artistes.