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Page:Fonsegrive - Art et pornographie, 1911.djvu/26

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art et pornographie

d’infamie l’artiste qui l’a produite. Je fais pour ma part, une grande différence entre le romancier dont je citais tout à l’heure l’annonce-réclame et Huysmans, et j’aurais cependant à peu près autant de scrupule à mettre à la portée de tous À vau-l’eau, Là-bas ou En route même, que le roman annoncé comme « troublant » et « lascif ». Et nul cependant n’a plus de respect que moi pour la probe sincérité de l’homme qui, à force de voir les tares humaines et de sentir dans la volupté même son écœurant arrière-goût, en est venu à aimer les beautés pures, les beautés austères et à si bien les aimer qu’il a su muer en beauté l’affreux martyre de plusieurs mois dont la mort seule l’a pu délivrer.

La raison de cette sorte de contradiction entre l’estime que l’on peut professer pour l’artiste et pour son œuvre et les craintes que cependant cette œuvre peut inspirer vient de cette différence que nous avons déjà constatée entre le sentiment pur de l’art, tel que l’artiste peut l’éprouver, et les excitations que l’œuvre d’art fait naître dans le public. On ne peut juger de la même manière une œuvre d’art selon qu’on se place au point de vue unique de la beauté ou qu’on se place au point de vue de l’effet que cette œuvre peut produire sur le public. C’est une parole naïve et que tout démontre être fausse que cette affirmation partout répétée : la beauté ne peut produire que de bons effets, parce qu’il n’y a pas de beauté