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ŒUVRES DE FONTANES.

« Quels lauriers immortels sur tes bords vont fleurir !
« Thémistocle, il est temps ; les jeux peuvent s’ouvrir :
« Le Destin est pour nous, les Dieux sont favorables. »
Il s’arrête à l’instant, et des voix innombrables
Bénissent à grands cris l’augure fortuné,
Quand des jeux tout-à-coup le signal est donné.
Au bruit joyeux des chants, des lyres, des trompettes,
On apporte les prix destinés aux athlètes :
« Guerriers, dit Thémistocle, en se tournant vers eux,
« Je ne viens point offrir à vos cœurs généreux
« Des trésors, une esclave à vous plaire empressée,
« Aux arts de l’Ionie en naissant exercée,
« Et dont l’adroite main file pour vous vêtir
« Le fin et les toisons de Milet et de Tyr.
« Tournez les yeux, voyez ces armes étrangères,
« Au champ de Marathon conquises par vos pères,
« Elles seront à vous : des Persans fastueux
« La dépouille ornera les vainqueurs de nos jeux.
« Qu’en passant dans vos mains, au sortir de la lice,
« Des Satrapes vaincus l’armure s’ennoblisse ;
« Alors cherchez leurs fils : qu’ils tombent sous les coups
« Du fer que leurs aïeux aiguisaient contre vous,
« Et que leur sang versé satisfasse à la Grèce !
« Vous, à l’art de la lutte instruits dès la jeunesse,
« Montrez-vous les premiers ! Il convient à nos bras
« Ce pénible exercice, école des combats ;
« Il entretient la force, elle sert au courage.
« Paraissez : le vainqueur obtiendra pour partage
« Ce vaste bouclier, témoin de tant d’exploits
« Quand Cyrus au combat le portait autrefois ;