Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/84

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n’est-il pas joli ? Pour moi, à raisonner comme l’Arioste, je serois d’avis qu’on ne perdît jamais l’esprit que par l’amour ; car vous voyez qu’il ne va pas bien loin, & qu’il ne faut que des lèvres qui sachent le recouvrer ; mais quand on le perd par d’autres voies, comme nous le perdons, par exemple, à philosopher présentement, il va droit dans la lune, & on ne le rattrape pas quand on veut. En récompense, répondit la Marquise, nos fioles seront honorablement dans le quartier des fioles philosophiques ; au lieu que nos esprits iroient peut-être errants sur quelqu’un qui n’en seroit pas digne. Mais, pour achever de m’ôter le mien, dites-moi, & dites-moi bien sérieusement, si vous croyez qu’il y ait des hommes dans la Lune ; car jusqu’à présent vous ne m’en avez pas parlé d’une manière assez positive. Moi ? repris- je. Je ne crois point du tout qu’il y ait des hommes dans la Lune. Voyez combien