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DE LA SICILE.

verte des débris du temple des Géans. Regardez plus loin cette piscine de six mille toises de circuit. Voyez cette innombrable quantité de tombeaux ; ce sont ceux des assiégeans, plus près sont ceux des assiégés, et la moderne Girgenti elle-même semble n’être plus qu’un sépulcre. Tout ce que la religion chrétienne a de plus austère, ses pénitens les plus sombres, remplacent les théories couronnées de fleurs. Des spectres couverts de cilices errent au milieu des restes des temples et des théâtres, et la psalmodie du Miserere se fait seule entendre au milieu de ces grandes ruines.

Agrigente, nommée d’abord Acragas[1], aujourd’hui Girgenti, fut fondée, environ 600 ans avant J. C., 153 ans après Syracuse (15), par les habitans de Gela, sous la conduite d’Aristinoüs et de Pistile, qui lui donnèrent les lois de la mère-patrie. L’histoire des premiers temps d’Agrigente est à peu près ignorée ; celle de ses premiers souverains n’est connue que depuis Phalaris. Cet homme ambitieux, fils de Léo-

  1. Ce nom, composé de deux mots grecs, peut signifier le sommet de la terre, pris dans le sens de l’excellence du territoire de cette ville.