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DE LA SICILE.

lon, si jeune, si habile, sitôt enlevé aux arts, d’affronter l’insalubrité du climat, de porter le poids du jour, j’ose leur promettre la plus brillante récolte. Ils trouveront à chaque pas les plus nobles leçons, une végétation puissante et variée, des ruines d’une couleur admirable, des lointains dont les nuances leur apprendront l’harmonie ; enfin, lorsqu’ils quitteront la Sicile, ils seront à-la-fois peintres et poètes.

Les modernes Agrigentins spéculent sur les cendres de leurs pères ; on fouille les sépulcres, on enlève ces vases que les curieux paient si cher. J’en acquis plusieurs ; mais j’étais dégoûté de traiter avec ces paysans pleins de cupidité et de mauvaise foi. Des journées entières se passent en pourparlers, en messages, en mensonges de leur part, et en impatience du côté de l’acheteur ; c’est ordinairement au milieu de la nuit qu’ils viennent vous réveiller pour souscrire le marché qu’ils avaient refusé la veille. Si les anciens Agrigentins soignaient trop leurs enfans, s’ils les couvraient de perles et de robes brodées d’or, les gens les plus considérables de Girgenti laissent les leurs aujourd’hui dans un état d’abandon par trop repoussant. Les langes