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SOUVENIRS

Si le Dante n’a pas visité la Sicile, s’il n’a pas gravi le mont Etna, ce dont il est permis de douter, puisqu’il est allé plusieurs fois à Naples, son génie en a deviné les terribles effets. Ses descriptions de l’enfer sont le tableau le plus vrai de l’Etna ; le Dante est le seul guide digne de conduire l’homme dans ce labyrinthe de vallées et jusqu’à la porte du mystérieux abîme.

À notre gauche était le dernier volcan ouvert au pied du grand cône ; son orifice, d’un jaune éclatant, avait vomi toute la lave qui garnissait la vallée de’ Bovi. Les scories noires produites par quarante autres volcans dessinaient le domaine des destructeurs du plus beau rivage de la terre. Nous descendîmes avec précaution jusqu’à la tour du Philosophe, dont il ne reste que quelques pierres : on peut supposer que ce fut jadis un oratoire antique, un petit temple élevé aux divinités infernales, et plus tard peut-être une tour d’observation. Nous arrivâmes à pied jusqu’à la grotte des Chèvres, marchant rapidement dans la cendre, le lapillo, et tra-

    descendre dans le cratère ; attaché par des cordes, il fit trop tard le signal de le retirer : ses guides le remontèrent ; mais ce nouvel Empédocle était asphyxié : on ne put le rappeler à la vie.