Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
SOUVENIRS

tenue sur la main avancée d’un homme qui représente le Père éternel, à quatre-vingts pieds de haut, et en dehors de la machine. Des barres de fer artistement cachées sous des draperies de brocart empêchent seules la chute de ces deux acteurs, dont l’un est ordinairement choisi parmi les plus vigoureux portefaix de Messine, et l’autre parmi les plus jolies filles de cette ville.

Je ne me permettrai pas la moindre réflexion sur cette bizarre cérémonie, que ce simple récit fera, je crois, suffisamment juger.

Tous les membres du gouvernement, les tribunaux, les moines, les confréries, suivent ou précèdent cet échafaud mobile, que la populace accueille avec les cris d’une joie frénétique. La jeune fille, qui s’acquitta fort bien du rôle de la Vierge, était charmante ; aussi trouva-t-elle dans la quête du lendemain une dot fort honnête : mais la recette du portefaix fut, dit-on, moins heureuse.

La fête de la Vara ne rappelle-t-elle pas celle des Panathénées d’Athènes, où un vaisseau marchait sur la terre par le moyen de machines cachées ? Le peplus, grande robe de Minerve, couleur de safran, et brodée par les ouvrières