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NOTES.

Ses ministres, ses lieutenans, ses principaux magistrats, étaient Français. Charles levait sans cesse de nouveaux impôts ; chaque jour des ordonnances tyranniques opprimaient la nation, mortifiée chaque jour aussi par des violences, et sur-tout par des insultes faites aux femmes de toutes les classes. Cet état insupportable dura dix-sept ans. Charles, qui était alors à Viterbe, ne tint aucun compte des plaintes que la Sicile entière portait contre Herbert Orillon, vice-roi du pays, Jean de Saint-Remi et Thomas Boussan. Charles se contenta d’écrire, et rappela vainement ces hommes pervers à des principes plus équitables.

Le pape Nicolas III, ennemi de Charles, chargea son légat d’assurer les Siciliens de son appui. Enfin Jean de Procida, homme courageux, ami de ce Mainfroi qui avait perdu la couronne de Sicile et la vie dans une bataille livrée à Charles d’Anjou, conçut le projet de délivrer son pays du joug des Français. Il confia son plan à Alano de Lentini, Pahnerio Abbate, Gautier de Calta Girone, tous gens influens et dévoués à la maison d’Aragon. Procida est dépêché vers Paléologue ; il arrive à Constantinople, effraie l’empereur d’une guerre que Charles d’Anjou est près de lui susciter. Paléologue l’écoute ; il entre dans les intérêts des Siciliens, écrit à Pierre d’Aragon et à Nicolas III. Procida, revenu sans péril à Messine, fait part aux conjurés du succès de cette première entreprise. On