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LE RAJAH DE BEDNOURE,

grands yeux noirs n’empruntait rien de l’éclat du sumac, dont les beautés de Masulipatam colorent si adroitement leurs paupières. Le regard de Solamé est aussi pur que le souffle de Brama, disaient nos Indiens, et plus doux que les premières lueurs du jour.

Je ne pouvais me lasser de l’admirer. M. Makinston me trouva plusieurs fois indiscrètement placé devant cette jeune fille, ravi, ébloui, dans une sorte d’extase ; cependant la mort était là avec toutes ses horreurs. Solamé l’invoquait sans relâche : l’un des deux esclaves se faisait, selon l’usage de Formose, de larges blessures avec un poignard, en signe de désespoir ; tandis que l’autre frappait de sa tête contre un mur de bambous, de la manière la plus effrayante.

Le temps, qui ternit les jouissances, calme aussi toutes les maladies de l’ame ; il vint enfin adoucir les regrets de M.lle d’Averney. La confiance s’établit entre nous : on n’atténue les peines les plus amères que par le silence, par une tendre compassion ; et blâmer la douleur, c’est, pour ainsi dire, vouloir la guérir par le poison.

Cette jeune personne fut touchée de notre sollicitude sur sa position. L’âge de M. Makins-