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LE RAJAH DE BEDNOURE,

contre le danger d’une séduction si constante. Solamé me parut plus que jamais un de ces êtres sacrés que protège leur malheur même. Je revins sans effort à mes habitudes stériles, arides, à cette vie sans but, sans motif, toujours inquiète et toujours déçue.

M. Makinston arriva sur ces entrefaites : il avait laissé son fils à l’armée, guéri de sa blessure, partageant les heureux efforts de ses compatriotes contre Tipoo-Saëb que, dans la campagne prochaine, on espérait réduire à se défendre dans sa capitale.

Le facteur, plein de sollicitude sur la situation de M.lle d’Averney, s’efforçait, ainsi que moi, de lui montrer un meilleur avenir. Nous cherchions à la distraire en l’entourant de quelques amusemens et de personnes choisies parmi les nombreux Européens qui habitaient Anjenga. Nous crûmes en effet nous apercevoir, au bout de quelques mois, qu’une tristesse plus calme la rendait moins insensible aux agrémens de la société.

Une longue trêve conclue alors entre les Anglais et le sultan de Mysore permit au major William Makinston de venir se reposer quelques