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DE LA SICILE.

m’assurait avoir été renversés par un tremblement de terre au moment où Jésus-Christ rendait le dernier soupir, sont encore embaumés : les parfums ne brûlent plus sur un autel ; mais la nature les a multipliés ici avec un tel luxe, qu’il n’est pas possible d’y demeurer long-temps. L’intervalle qui sépare les temples est couvert d’énormes chardons ; c’était sûrement là le forum de Sélinonte. Cette ville, dont le plus grand temple fut consacré à Jupiter, est entourée par deux petits fleuves, le Modione et l’Hypsa ; tous deux cachent leurs ondes sous de grands roseaux, depuis qu’on néglige leurs bords et qu’on ne leur offre plus de sacrifices. On croit que la ville, après un siège meurtrier, fut forcée du côté où ce premier fleuve baignait les murs, dont on suit encore la trace. La brutale fureur des soldats d’Annibal détruisit en peu d’heures cette ville si grande, si opulente, si fière de ses arts, de son commerce et de ses monumens. Cette élégante fille de Mégare, après avoir perdu tout son éclat, traîna long-temps encore de lourdes chaînes sur le rivage où nous voyions son tombeau. De l’un de ses deux ports, un immense escalier con-