Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/408

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dans le même cas. Est-ce que l'ordre par lequel la nature a régi les aliments des animaux cesse pour cela d'être un ordre ? C'est ce que personne ne voudra avancer. Il en est donc de même des choses que la bonté du Créateur a accordées aux hommes pour leur plaisir. Si nous voulons rendre, pour ainsi dire, à Dieu la même justice que nous rendons aux hommes en pareil cas, il nous sera aisé de le justifier. Que dirions-nous d'un paysan qui se plaindrait du marchand qui lui aurait vendu un verre ardent, parce que ce verre n'allume pas sa chandelle pendant la nuit. Il n'en est pas autrement de l'homme qui cherche dans l'univers des choses qui sont contraires à sa nature. Dieu a réglé le monde, suivant la nature de chaque homme. S’il y en a qui corrompent leur nature, le monde ne changera pas pour eux ; et il n'est pas surprenant qu'ils ne puissent s'y plaire. Cela ne manque point d'arriver, dès que l'homme recherche des choses qui répugnent à son essence.

Tirons d'ici une double doctrine. La première regarde la circonspection avec laquelle nous devons juger des œuvres de Dieu. Quelle folie ne serait-ce