Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/409

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pas d'en porter un jugement absolu, sans savoir quelles sont les vues que l'infinie sagesse du Créateur s'est proposées. Et ces vues, pouvons-nous les découvrir sans une connaissance exacte des choses auxquelles cette sagesse a eu égard. Dieu a embrassé dans son plan tous les habitants du monde. Mortels insensés, vous voulez juger de la disposition de ce monde suivant vos vues et la rapporter toute entière à vous. Quand il se présente des choses dont la raison est cachée ou qui nous paraissent même dénuées de tout ordre, gardons-nous de juger à l'aveugle. Le monde n’est pas fait pour nous seuls, il y a des millions d'autres hommes qui y ont leur part tout comme nous. Tel se plaît dans ce qui nous paraît en désordre, c'est justement ce qui le satisfait. En lui se trouve donc la raison pour laquelle le Créateur a fait de semblables arrangements. Combien de censures n'a pas essuyé le système de Copernic, qui nous paraît si beau ? Nous blâmons ceux qui en ont jugé d'une manière si déraisonnable de n'avoir pas mieux considéré le ciel et la marche des corps célestes. Prenons garde de ne pas faire nous-mêmes ce que nous blâmons dans les