Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/433

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des profondes vallées, qui remplissent plusieurs pays tout entiers. On voit souvent des monts entassés sur d'autres monts, et couverts d'une neige qui ne se fond jamais. S'il y en a où quelques animaux trouvent leur nourriture, il y en a aussi où ni animaux ni plantes ne peuvent subsister. Ces affreuses montagnes sont ceintes d'épaisses forêts ou d'abîmes sans fond, dont la seule vue inspire la terreur, comme l'ont éprouvé tous ceux qui ont voyagé sur les Alpes ou sur d'autres montagnes élevées. Où voit-on ici cet ordre et cette beauté, que la nature devrait étaler partout ? Une plaine émaillée ou de riantes collines ne vaudrait-elle pas bien mieux que ces rochers escarpés et ces précipices ? Ne serait-ce pas un changement bien avantageux que celui qui transformerait en champ, en prés et en vignes, tant de milliers de lieux qui sont occupés par une neige éternelle, par de stériles rochers ou par des forêts inhabitables ?

Tout homme qui ne connaît la nature qu'à demi ne manquera pas de raisonner ainsi au premier coup d'œil ; et je pourrais produire encore un grand nombre d'autres articles sur lesquels