Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/459

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considérablement au bonheur du genre humain. Combien de milliers d'années ne se sont pas écoulés avant que les hommes aient acquis leur connaissance et combien n'y a-t-il pas de nations qui en sont encore privées? N'ignorons-nous pas encore une infinité de choses qui seraient fort utiles à l'avancement de notre bonheur ? Voilà donc la comparaison justifiée et nous voyons qu'il y a dans le gouvernement de la nature bien des mystères incompréhensibles à l’esprit humain.

Nous pouvons tirer quelques doctrines utiles de cette considération. D'abord cela doit nous rendre extrêmement circonspects en fait de conjectures dans les sciences et surtout dans la physique. La vérité nous paraît souvent moins probable que l'erreur et, dans les choses qui tiennent à l'univers entier, duquel nous ne voyons qu'une partie infiniment petite, un faux jugement a souvent la plus grande probabilité. La recherche de la vérité dans les choses de fait demande beaucoup de patience. On tombe dans l'erreur si l'on n’est bien attentif à suspendre son jugement. Que dirons-nous de ces physiciens téméraires,