Page:Forneret - Rien, 1983.djvu/11

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nées, se trouvèrent en face du sourire, des sourires fins et mordants ; Byron et Young crièrent ensemble :

— Voltaire !

— Oui, messieurs, Voltaire qui lui aussi quitte sa planche et veut voir le temps qui se fait.

— Grand génie, prenez place à cette fenêtre ; nous vous la céderons même entièrement, si vous voulez, nous le devons.

— Croyez-vous, messieurs, que j’aie, ou que j’aie eu véritablement… ? — Bien des gens cherchent à prouver le contraire.

— Ces gens-là, dit un des Anglais, sont comme des vessies qui s’enflent de paroles pour ne rendre que du vent ; ou comme une araignée qui filerait une toile pour arrêter la sortie d’un boulet de 48 ; — ou un regard de lune dans les yeux du soleil ; ou encore une fauvette se cramponnant pour enlever un aigle ; ou enfin un cheveu de perruque à une crinière de lion.

Je sais bien que ceux qui me lancent leur langue au visage sont pour la plupart des sots ou des emplâtrés d’hypocrisie religieuse qui font la cour à un conclave ou à une académie systématique.

Je sais bien qu’il est des envieux boursouflés qui en levant la tête comme un dindon qui glougloute, cherchent dans l’air les pensées qu’ils n’ont pas, s’affaissent ensuite lourdement et cherchent à charger de pédantisme ou d’ignorance celles des autres.

Je sais bien qu’il est tel pays qui n’aime pas les idées philosophiques, parce que la philosophie

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