Page:Forneret - Rien, 1983.djvu/29

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plus pour éclairer les choses du lieu abandonné, qu’un léger feu sur l’herbe. — C’était un petit ver luisant qui jaillissait de tous côtés en étoiles ; — il prédisait beau jour, après la nuit qui passait.

Du chèvrefeuille venait, par le toit du pavillon, se glisser à travers ses fenêtres, se tordant et se laissant choir de vieillesse ; et quand la lune reparut, le pavillon ressemblait à une tête blanche, ayant à son sommet de longues tresses de cheveux verts qui allaient caresser des yeux remplis de larmes de pierre.

Sur le pavé saupoudré de poussière et de vieux plâtre se décollant du plafond et des murs de la demeure en ruines, on apercevait des pas d’homme fraîchement empreints, on voyait des marques fines et légères qui annonçaient qu’un pied de femme avait aussi effleuré cet endroit de solitude profonde.

Une lampe de cuivre, retenue par un cordon de soie rose, vacillait imperceptiblement au milieu de la masure. Ses mèches étaient en état de donner de la lumière, et l’on reconnaissait facilement qu’elles avaient brûlé la précédente nuit.

À cette lampe il y avait un abat-jour comme à une lanterne sourde ; et à cet abat-jour, un ruban, de couleur brune, attaché au seul bras qui restât à un fauteuil ; l’autre s’était sans doute perdu à une bataille d’années.

Sur le fauteuil très large, et habillé d’une étoffe autrefois velours amarante, deux places étaient marquées ; — l’interstice laissait observer que les deux personnes qui s’y asseyaient se tenaient fort

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