Page:Foucaux - La Reconnaissance de Sakountala.djvu/193

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le roi. « Chère épouse au doux visage, te voilà devant moi, dont l’aveuglement est heureusement détruit par la mémoire qui m’est revenue, comme la nymphe Rôhinî[1] revient s’unir au dieu de la lune, à la fin d’une éclipse. »

sakountalâ. Victoire, victoire au roi ! (Elle prononce ces mots d’une voix étouffée par les larmes.)

le roi. Vertueuse amie !

« Quoique le mot victoire ait été arrêté par tes larmes, je n’en suis pas moins victorieux, puisque j’ai vu ton visage privé d’ornements et tes lèvres pâlies. »

l’enfant. Mère, quel est cet homme ?

le roi, tombant aux pieds de Sakountalâ.

« Belle amie, que le chagrin que je t’ai causé s’efface de ton cœur. N’y avait-il pas alors en moi un aveuglement irrésistible ? La conduite de ceux qui sont fortement aveuglés est ainsi, le plus souvent, en des circonstances qui devraient être heureuses. La guirlande elle-même posée sur sa tête, l’aveugle la jette de côté, dans la crainte que ce ne soit un serpent ! »

  1. Cette nymphe est la personnification d’un astérisme, et l’une des femmes du dieu Lunus.