Page:Foucaux - La Reconnaissance de Sakountala.djvu/66

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ture. Eh bien ! ami, mes mains ne s’étendent plus ; c’est donc seulement avec la voix que vous serez salué du nom de vainqueur.

le roi. D’où vient cette infirmité ?

mâdhavya. Comment, après avoir vous-même rendu ma vue trouble, vous demandez la cause de mes larmes ?

le roi. En vérité, je ne comprends pas ; explique-toi clairement.

mâdhavya. Eh bien, ami, si le roseau imite la tournure du koubdja[1], cela vient-il de son propre mouvement ou bien de la rapidité du fleuve ?

le roi. C’est la rapidité du fleuve qui en est cause.

mâdhavya. Et vous de ce qui m’arrive.

le roi. Comment cela ?

mâdhavya. Après avoir, comme vous le faites, négligé les devoirs d’un roi, il faut que vous alliez prendre les manières d’un habitant des bois, dans une pareille contrée sauvage, où il n’y a pas un homme ! Comme, en vérité, j’en viens chaque jour, à cause des chasses aux bêtes fauves, à n’être plus le maître de mes membres, dont les muscles et les articulations sont brisés, je vous prierai de m’accorder un congé d’un

  1. Plante (trapa bispinosa) dont le nom signifie « bossu, courbé. »