Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/109

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qui se considérait comme une aventurière qui devait suivre son destin, avait tellement prévenu l’esprit de Judith des douceurs d’une vie libre que cette innocente consentit à tout ce qu’elle voulut.

Elle lui donna tant d’horreurs de la captivité où sa mère la retenait et de si belles idées du libertinage auquel elles s’allaient abandonner qu’elle surprit sa résolution. À la crainte qu’elle lui opposait de l’inconstance des hommes particulièrement quand ils étaient d’un âge aussi tendre et qu’ils avaient aussi peu d’expérience du monde qu’en avait leur favori, elle répliqua qu’elles ne se serviraient de ce jeune homme qu’autant qu’il les aurait rendues libres ; qu’elles trouveraient le secret de le dépouiller de ce qu’il aurait ; qu’elles subsisteraient quelques années de son argent, et que dans la suite elles trouveraient assez où se placer en quelque cœur pour y vivre heureuse.

Cette fille artificieuse, qui avait déjà fait un pareil tour à un jésuite, pouvait bien espérer de tromper une jeune niais, que la seule passion portait aveuglément à faire la plus grande de toutes les folies.

Notre jeune étourdi cependant épie le temps