Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/107

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les il est habitué, sont souvent les objets de son indifférence & de ses dégoûts. J’ai fait cette petite remarque, pour donner à entendre que la sotte curiosité est d’ordinaire moins le défaut des sots que celui des gens sans expérience, & que la surprise étant relative au degré d’ignorance où l’on est de ce qui se pratique dans le monde, il s’ensuit nécessairement que tous les hommes sont plus ou moins Badauts.

C’est une opinion reçue depuis long-temps qu’à Venise on pousse à l’excès le libertinage, & que l’on s’y plonge dans les désordres les plus affreux. Je ne me suis pas apperçu qu’on y fût plus débauché qu’ailleurs, j’ai même trouvé qu’il s’en falloit beaucoup que le débordement y régnât comme à Paris & à Londres. Les gens ne me paroissent pas mieux instruits du caractère & des coutumes de la Nation, quand ils peignent les Vénitiens défiants, ombrageux, & ennemis de toute société. Je