Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/108

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ne disputerai pas que cela n’ait été autrefois : mais on devroit faire attention que les caracteres changent ainsi que les modes, & que ce qui étoit en usage il y a deux cents ans, peut ne l’être pas aujourd’hui. Les Peuples, incessamment attentifs à se copier, sont les singes les uns des autres. Maintenant, pour me servir d’une expression que la fatuité nous a fait adopter, on a par toute l’Europe les manières Françoises. J’ai eu souvent occasion de fréquenter de Nobles Vénitiens ; je les ai trouvé communicatifs, affables, polis, en un mot, pleins de cette urbanité dont nous prétendons être seuls en possession. Leurs maisons mêmes, quoiqu’on en dise, ne sont point inaccessibles aux Étrangers qu’ils connoissent. Il est vrai qu’ils sont plus réservés & plus prudents que nous dans le choix de leurs sociétés : je laisse à décider si la maxime est mauvaise. Un autre préjugé encore très-faux, c’est de croire qu’il y ait du danger à parler po-