Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/109

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litique, & à discourir des intérêts des Princes à Venise. J’ai été témoin que l’on y pouvoit parler aussi librement qu’en aucun endroit du monde : je ne répondrois pas pourtant qu’on ne courût risque de déplaire à la République, si l’on s’ingéroit à contrôler la forme de son Gouvernement. Et au fond, qu’y auroit-il d’extraordinaire en cela ? L’État Vénitien ne seroit point le seul qui s’offensât d’une pareille liberté. Je suis très-assuré que l’on feroit mal sa cour aux Anglois, si on alloit leur vanter l’esclavage & les douceurs du despotisme. On ne seroit sans doute pas mieux accueilli des François, en leur prêchant la Démocratie & l’anéantissement du pouvoir arbitraire. Toute Puissance, quelle qu’elle soit, est toujours jalouse de ses constitutions, & souffre impatiemment qu’on les censure. À l’égard des choses qui n’intéressent pas directement les Loix fondamentales d’un Pays, chacun a droit d’en dire son sen-