Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/12

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lébrées dans les premiers âges par les plus ingénieuses fictions. Quoique je ne visse la plupart du temps que des lieux arides & sablonneux, que des Isles stériles & désertes, je ne pouvois leur refuser mon respect & mon admiration. Je vis, à l’entrée de l’Archipel, ce séjour délicieux[1] où le fils de Vénus tenoit autrefois sa cour, maintenant à peine habité par des hommes. D’un côté, je découvris[2] Ithaque & l’Isle de Calipso ; de l’autre, le lieu méconnoissable où étoit jadis la fameuse Rivale de Rome ; plus loin enfin, le tombeau de l’ancienne Troye. Aux Châteaux de Dardanelles

  1. À présent l’Isle de Serique, misérable Lapiniere sous la domination des Vénitiens.
  2. Comme je ne veux point encourir la censure des Géographes, j’avertis le Lecteur que les lieux que je cite ici ne sont pas dans l’Archipel. Le Royaume d’Ithaque, aujourd’hui connu sous le nom de petite Céphalonie, est à l’embouchure de la Mer Adriatique. On croit que l’Isle de Calipso est une petite Isle près de Malthe & de sa dépendance, qu’on appelle maintenant le Goze. La place où étoit Carthage se voit à deux ou trois lieues de Tunis, Troye est dans le voisinage des Dardanelles, & fait partie de l’Asie Mineure.